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Affections neuro-psychiatriques

A. AFFECTIONS NEURO-PSYCHIATRIQUES DUES A DES AGENTS CHIMIQUES

DETERIORATION MENTALE

Oxyde de carbone : au coma oxycarboné peut succéder un état démentiel définitif,

Sulfure de carbone (exposition faible et de longe durée) : déficits neurologiques caractéristiques des démences artériopathiques,

Bromure de méthyle : aux séquelles sensorielles et motrices peut s’ajouter un état démentiel,

Manganèse : Toxicité chronique ou subaigüe

Après un délai de quelques de quelques mois à quelques années, on observe l’apparition du syndrome strié manganique (syndrome extrapyramidal parkinsonien) avec rigidité, tremblements, ataxie, précédé par des troubles du comportement : hyperémotivité, irritabilité, labilité de l’humeur, céphalées ainsi que des troubles de la sexualité et du sommeil.

Les autres manifestations consistent en  :
-  Allergies cutanées et respiratoires (rhinites et asthme),

-  Troubles hématologiques (anémies, polyglobulie),

-  Neuropathies périphériques.

Plomb : troubles corticaux et détérioration intellectuelle touchant également les fœtus (les atteintes congénitales transplacentaires provoquent des lésions définitives),

Méthyl-mercure : maladie de Minamata,

Tous les solvants y compris le bromure de méthyle et le sulfure de carbone, tout comme le plomb, le plomb tétraéthyle et l’oxyde de carbone peuvent provoquer une perte de lucidité, un état d’obnubilation, de stupeur ou de confusion.

ETATS CONFUSIONNELS

Plomb ( à l’heure actuelle, on rencontre rarement en France des accidents paroxystiques par intoxication saturnine) : Encéphalopathie saturnine (état stuporeux, onirique, ou excito-moteur),

Plomb tétraéthyle (forme aiguë grave) : délire, hallucinations, agitation (cris) s’accompagnant de tremblements voire de tressaillements et de mouvements chloréiformes,

Oxyde de carbone (suites du coma oxy-carboné) :confusion mentale très courante,

Solvants
-  Bromure de méthyle : confusion mentale, dépression mélancolique, hallucinose succédant à l’anxiété pantophobique prodromique,
-  Chlorure de méthyle, tétrachlorure de carbone, sulfure de carbone (intoxication grave peu fréquente aujourd’hui) : psychoses courantes (autrefois ) ; formes maniaques, délires, hallucinations, formes dépressives de type confusionnel, mélancolique ou stupide avec tentatives d’homicide ou de suicide.

Organo-mercuriels :

1. Composés alkylés (les plus toxiques car les plus liposolubles).
-  Période de latence variable (de deux semaines à deux mois) ;
-  Début : asthénie, paresthésie (fourmillement des extrémités, engourdissement des lèvres et de langue) ;
-  Période d’état : ataxie, dysarthrie, troubles sensoriels (diplopie, scotome central, rétrécissement du champ visuel cécité et surdité).

Les autres dérivés alkylés provoquent des atteintes du système nerveux central moins sévères, par contre ils sont eux, responsables de troubles digestifs (d’une stomatite en particulier) et d’une tubulopathie rénale.

2 . Composés alkoxyalkylés

Ces composés provoquent une irritation et une sensibilisation cutanée et, en raison de leur passage percutané, des atteintes du système nerveux central moins prononcée que celles du diméthyl mercure et des dérivés alkylés (engourdissement des doigts et des orteils, parésie, ataxie), des troubles digestifs précoces (anorexie, diarrhée), accompagnés d’asthénie et d’amaigrissement, et une tubulopathie.

3. Composés arylés

Ils présentent les mêmes effets toxiques que les composés alkoxalkylés mais atténués.

Organo-chlorés :

Insecticides mixtes à effet rémanent (comme les organo-phosphorés), ce sont les premiers insecticides qui ont donné lieu à une utilisation massive à échelle mondiale, l’objectif étant la démoustication des régions les plus infectées et le traitement des cultures dans le cadre d’une agriculture mécanisée.

1. intoxication aiguë

On observe :
-  des céphalées, des vertiges, de l’asthénie,
-  puis une hypoesthésie voire une anesthésie des jambes ainsi que des paresthésies et des myoclonies auxquelles succèdent des crises convulsives puis un coma,
-  enfin un état de mal convulsif qui cessera avec l’élimination du toxique. Le sujet risque l’anoxie par apnée et encombrement au cours des convulsions.

2. intoxication chronique

On observe :

- une polynévrite, ainsi que des atteintes neurologiques centrales ( tremblements, troubles de l’équilibre),
-  une hypolplasie médullaire (lindane),
-  une agranulocytose (lindane) provoquée par un mécanisme immunoallergique dépendant de la sensibilité individuelle de chaque sujet exposé. Une récidive faisant suite ç une nouvelle exposition peut s’avérer très grave et même mortelle. L’identification de l’agent responsable est donc primordiale. On peut également observer des signes généraux : céphalées, asthénie, vertiges, dyspepsie.
Enfin le chlordecone et le toxafène sont reconnus comme étant potentiellement cancérogènes.

Organo-phosphorés

Insecticides mixtes à effet rémanent (comme les organo-chlorés). Ils se dégradent rapidement dans les sols et les végétaux (contrairement aux organo-chlorés). Il s’agit d’esters qui se fixent sur les cholinestérases et les inhibent.

Les organo-phosphorés étant des poisons inhibiteurs des cholinestérases, il convient de rappeler les caractéristiques des deux types de cholinestérases :
-  les cholinestérases vraies ou acétylcholinestérases dont l’action spécifique consiste à hydrolyser l’acétylcholine libérée à l’occasion de la transmission de l’influx nerveux. Elles sont présentes dans le tissu nerveux (système nerveux central), les hématies et les muscles striés ;
-  les pseudo-cholinestérases d’origine hépatique, se trouvant dans le tissu nerveux(système nerveux central) et le plasma. Elles hydrolysent de nombreux esters carboxyliques (de la choline mais aussi de substances telles que la procaïne). L’action toxique des organo-phosphorés consiste à inhiber les deux catégories de cholinestérases ce qui provoque l’accumulation dans l’organisme d’acétylcholine non hydrolysée. Elle rappelle l’intoxication par la muscarine et la nicotine.

Le degré de toxicité des organo-phosphorés dépend :
- des particularités chimiques de chacun d’entre eux,
-  de la température ambiante (son élévation provoque une aggravation de l’intoxication du fait d’une absorption percutanée favorisée par la transpiration et la vasodilatation.

1. Toxicité aiguë ;
Signes d’intoxication muscarinique

Les organo-phosphorés provoquent des blocages des relais de transmission entre les nerfs et les organes qu’ils commandent. Ils sont à l’origine d’anomalies de fonctionnement des organes placés sous le contrôle du système nerveux végétatif :
- sueurs ; toute augmentation excessive des sueurs (l’un des premiers symptômes de l’intoxication) alertera le sujet concerné qui arrêtera le travail et ira prendre une douche afin d’éliminer le toxique ,
-  pâleur ,
-  nausées ,
-  vomissements ,
-  crampes abdominales ,
-  diarrhée par hypermotricité intestinale ,
-  Toux ,
-  hypersécrétion bronchique avec bronchoconstriction provoquant une dyspnée asthmatiforme (tableau simulant un œdème aigu du poumon) ,
-  larmoiement ,
-  myosis ,
-  bradycardie et hypertension.

Signes nicotiniques

- fasciculation avec crampes musculaires,
-  mouvements involontaires,
-  paralysie gagnant rapidement les muscle respiratoires,
-  tachycardie, hypertension et élévation du taux de catécholamines ; ces effets nicotiniques au niveau ganglionnaire compensent les troubles muscariniques.

Atteinte du système nerveux central :
-  céphalées,
-  vertiges,
-  ataxie,
-  confusion mentale,
-  coma accompagné de convulsions conduisant à la paralysie des centres respiratoires.

L’hypoxie, les troubles du rythme cardiaque et surtout l’insuffisance respiratoire provoquée à la fois par la bronchoconstriction, l’hypersécrétion bronchique, la paralysie des muscles respiratoires et la dépression centrale, peuvent conduire à la mort de la victime.
Cependant, on observe, en règle générale, une régression des troubles soit spontanée, soit liée au traitement de l’intoxication (cas le plus fréquent).

2. Intoxication chronique
L’exposition à long terme aux organo-phosphorés peut se traduire en premier lieu par un certain nombre de troubles qui doivent donner l’alerte :
-  somnolence,
-  tintements d’oreilles,
-  troubles visuels,
-  sudation, picotement de la peau,
-  gêne respiratoire,
-  irritabilité, état dépressif et impression d’insécurité,
-  nausées, douleurs abdominales, diarrhées.

Ultérieurement, l’intoxication chronique serait à l’origine de :
-  certaines hypoplasies médullaires,
- neuropathies périphériques concernant les quatre membres et donnant lieu à un déficit moteur isolé ; des cas d’altérations électromyographiques ont ou être observés chez des salariés exposés aux organo-phosphorés. Un changement de poste de travail leur est alors conseillé. L’intoxication chronique demeure un phénomène très mineur,
-  troubles de la mémoire, de l’affectivité qui correspondent à une atteinte du système nerveux central.

IVRESSE, TROUBLES SOMATO-PSYCHIQUES

Ivresse toxique par inhalation
-  solvants (benzol, éther, chloroforme, tétrachloréthane, tétrachlorure de carbone, trichloréthylène, etc.), amines aromatiques (aniline), dérivés méthémoglobinisants des hydrocarbures cycliques : ébriété avec titubation, excitation psychique, somnolence, voire coma avec convulsions susceptible de conduire à la mort en cas d’atteinte sévère.

Troubles somato-psychiques : céphalées, asthénie, insomnie, vertiges, troubles du caractère et de la mémoire. (liés à une exposition prolongée, ils disparaissent généralement en cas d’arrêt de l’activité professionnelle).
-  plomb  : petite encéphalopathie saturnine,
-  plomb trétraéthyle (intoxication légère) : exagération de la symptomatologie d’alarme lors de la période d’état (sujet inquiet, maussade, irritable, souffrant de céphalées),
-  mercure (intoxication chronique) : éréthisme mercuriel,
-  Présulfocarbonisme (intoxication légère) : irritabilité,
cauchemars, hyperesthésie génitale et troubles de la libido,
-  Nitroglycérine  : quel que soit son mode de pénétration (passage transcutané important, absorption perlinguale, inhalation) ; à doses modérées , elle provoque vasodilatation, hypotension et parfois céphalées ; à doses fortes , elle entraîne une méthémoglobinémie sévère (cyanose, dyspnée puis polypnée), un collapsus, des douleurs abdominales, un état confusionnel et, très rarement une mort subite,
-  Oxyde de carbone  : (toxicité aiguë) : coma, hypertonie spontanée ou provoquée accompagnée de mouvements d’enroulement des bras et de signes d’irritation pyramidale diffuse (réflexes ostéotendineux vifs, signe de Babinski bilatéral) ; les crises convulsives sont peu fréquentes.
Accompagnant l’épisode aigu ou survenant dans les jours suivants, d’autres complications peuvent s’installer, complications neurologiques (hémiplégie, paraplégie, hémorragie méningée, syndrome extra-pyramidal, cécité corticale) ou psychiatriques ( hyperkinésie, confusion mentale).
-  acide et acétone cyanhydriques, acide sulfhydrique  : en cas d’ inhalation ou d’ingestion elle provoque céphalées, malaise, asthénie, perte de la conscience allant jusqu’au coma convulsif. Atteinte hépato-rénale. La respiration est superficielle en raison de l’hypertonie, il existe un risque d’apnée . Le coma peut survenir quelques heures après l’intoxication.

L’intoxication peut également survenir par voie cutanée.

B . AFFECTIONS NEURO-PSYCHIATRIQUES DUES A DES AGENTS PHYSIQUES

MODIFICATIONS DE LA PRESSION DE L’ATMOSPHERE ET DES GAZ

1. Travail dans l’air comprimé

a. Accidents de décompression : le plus courant est la paraplégie précédée d’une syncope ou d’une violente douleur dorso-lombaire survenant brutalement ; autres accidents neurologiques : aphasie, hémiplégie, etc.

b. Action toxique des gaz :
- Oxygène : hyperoxie provoquant une crise comitiale généralisée,
-  Azote : narose à l’azote,
-  Hélium : syndrome nerveux des hautes pressions (tremblements statiques et intentionnels, secousses musculaires, vertiges et nausées).

2. Transports aériens

a. Aéro-embolisme (accidents peu fréquents étant donné la pressurisation à 1500 des avions commerciaux) : anxiété avec sensation d’oppression, aphasie, paralysies, obnubilation visuelle,

b. Hypoxie d’altitude,
-  à 4500 m : troubles des fonctions intellectuelles(altérations précoces) du comportement et de l’humeur (état euphorique ou, le plus souvent dépressif avec asthénie très marquée et angoisse) , visuels et moteurs (asthénie intense, tremblements, incoordination),
-  à 6500 m : perte de connaissance, évolution mortelle avec syncope respiratoire puis cardiaque.

Remarque : Le reste de la pathologie d’origine neurologique psychiatrique que l’on observe dans les transports aériens est lié au décalage du rythme nycthéméral, lui-même en relation avec les grandes vitesses des avions modernes. Il s’agit essentiellement des troubles du sommeil et dans certains cas, de désorientation temporelle.

3. Vols spatiaux  : Mal de l’espace dû à l’apesanteur durant en moyenne 3 jours. Lorsque les spationautes regagnent la terre, on constate des troubles à la reflectivité avec retour à la normale en quelques semaines.

COMPRESSIONS, ONDES MECANIQUES ET ELECTROMAGNETIQUES

Compressions

Compressions professionnelles de nerfs périphériques en raison de gestes très souvent répétés ou de postures maintenues très longuement . On rencontre exceptionnellement des paralysies ce qui montre le rôle important du facteur individuel même si les causes professionnelles sont indéniables.

Localisations et métiers concernés

- Nerf cubital au niveau de la gouttière épitrocléocranienne : orfèvres, horlogers, chauffeurs de poids lourds ,
-  Nerf cubital au niveau de la loge de Guyon, nerf médian au niveau du canal carpien : menuisiers, cordonniers, burineurs, graveurs, sculpteurs sur bois ,
-  Nerf médian au niveau du canal carpien : métiers précédemment évoqués, repasseuses, couturières, travailleurs agricoles…,
-  Nerf sciatique poplité externe au niveau du genou : travail prolongé en position accroupie (carreleurs, asphalteurs, travailleurs agricoles…)

Ondes mécaniques : agents responsables et pathologies
-  Bruits d’une intensité supérieure à 60-70 décibels  : asthénie, céphalées, trouble du caractère et du sommeil, manifestations neuro-végétatives ;
-  Infrasons (moins de 20 Hertz)  : fatigue, céphalées, nausées, vertiges, oppression thoracique, troubles de la vigilance ;
-  Ultrasons  : stimulation du système nerveux central (les effets des ultrasons demeurent mal connus) ;
-  Vibrations  :
a. 40-300 hertz (effets neuro-vasculaires : acro-paresthésies, maladie de Raynaud) ;
b. Supérieures à 300 Hertz : douleurs des doigts (brûlures avec œdème et cyanose) ;
c. Très basses fréquences (2 Hertz) : atteinte du vestibule ;
d. Conduite d’engins de chantiers (2-20 Hertz) : Asthénie, irritabilité, céphalées, tremblements, diminution de l’acuité visuelle.

Ondes électromagnétiques

1. Ondes radar

-  Effets thermiques

Exposition générale : La rencontre avec un organisme se traduit par une production de chaleur à la fois dans les tissus cutanés superficiels et dans les organes profonds. ( Possibilités de lésions internes graves dues au réchauffement, accident pouvant survenir dans des ateliers, dans des conditions opérationnelles ou dans un climat très chaud).
Exposition localisée . la gravité de l’accident dépend des caractéristiques de l’organe atteint.

Irradiation
• de la tête : très dangereuse (état convulsif déclenché expérimentalement chez le singe et le chien,

• des intestins : perforation intestinales,

• du cristallin : cataracte.

- Effets non thermiques : Syndrome des hyperfréquences (dystonie neurovégétative).
- .Effets indirects : sur le pace-maker qui peut être influencé par le champ radar, les conséquences étant très graves pour le porteur. Possibilités d’électrocution et d’irradiation par rayon X (exemple des irradiations émises par les thyratrons utilisés dans les générateurs).

2. Lumière

-  Eclairements ou contraste insuffisant : fatigue, céphalées, vertige ;
-  travail sur écran : asthénopie, céphalées, larmoiement avec brûlures, picotements et photophobie ;
-  Papillotement de la lumière : épilepsie photique (pouvant atteindre les pilotes d’hélicoptères).

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