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BOTERO Fernando_ Des formes débordantes de tendresse et d’humour

Célèbre pour ses personnages aux formes rondes et au visage impassible, Fernando Botero naît le 19 avril 1932 à Medellin en Colombie. Son père, agent de commerce, meurt alors qu’il n’a que 4 ans. En 1944, un de ses oncles l’inscrit dans une école de tauromachie. Il y passe deux années qui révèlent à la fois sa peur inextinguible des taureaux et sa fascination pour cet univers. Pour preuve, ses premiers dessins ont pour sujet les toreros et les taureaux.

Dès 1948, il commence à exposer ses dessins ; il en vend également aux journaux. A cette époque, il est influencé par l’art précolombien et découvre Picasso. En 1951, il est à Bogota. L’année suivante, il part pour Madrid et il fait des études à l’Académie de San Fernando. On le retrouve ensuite à Paris, puis à Florence où il étudie la peinture à fresque et remporte en 1954 le prix de fresque à l’Académie Saint Marc. En 1955-1956, il séjourne au Mexique. En 1957, il peint Nature morte à la mandoline, tableau dans lequel il expérimente pour la première fois sa manière de dilater les formes pour donner à ses sujets des contours ronds et voluptueux : « J’avais toujours cherché à rendre le monumental dans mon œuvre. Un jour, après avoir énormément travaillé, j’ai pris un crayon au hasard et j’ai dessiné une mandoline aux formes très amples comme je le faisais toujours. Mais au moment de dessiner le trou au milieu de l’instrument, je l’ai fait beaucoup plus petit et, soudain la mandoline a pris des proportions d’une monumentalité extraordinaire ». Il venait de trouver son style qui le rendra célèbre : Ses Gros mauvais lui vaudront un grand succès aux Etats Unis dans les années 60, succès qui se confirmera en Europe à partir des années 70.

Femme debout,2007

Pour l’heure, en 1958, Fernando Botero est professeur de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Bogota et il obtient le premier Prix au Neuvième Salon de Colombie avec La chambre nuptiale. A cette époque, il peint une série de dix tableaux d’après Vélasquez. Après 1960, il s’installe à New York et il voyage en Europe, surtout en France à Paris, en Italie à Pietrasanta et en Allemagne. Il expose à Bogota à partir de 1961 et dans de très nombreuses villes étrangères : Washington, Mexico, New York, Paris, Madrid, Munich, Londres, Rotterdam, Caracas, Hanovre, Venise, Bruxelles, Naples, Palerme, Milan, Rome, Los Angeles, Brème… C’est une époque où il voyage beaucoup, se rendant régulièrement en Colombie, aux Etats Unis et en Europe. Sur le vieux continent, il demeure un temps en Italie avant de partir pour l’Allemagne où il étudie l’œuvre de l’artiste allemand de la Renaissance Albrecht Dürer dont l’influence se fait sentir dans une série de grands dessins au fusain qu’il produit alors.

A cette époque, outre ses représentations de personnages au physique volontairement gonflé et disproportionné, il met au point une création originale, caractérisée par le détournement de tableaux célèbres des grands maîtres du passé sur un mode ironique et critique. Il réalise ainsi plusieurs peintures à partir du tableau d’Edouard Manet Le déjeuner sur l’herbe.

En 1970, Fernando Botero est père pour la quatrième fois. Pedro, son troisième fils naît à New York et lui inspire toute une série de tableaux. Trois ans plus tard, il quitte les États-Unis et s’installe à Paris où il réalise ses premières sculptures. Malheureusement, sa vie bascule en 1974. Alors qu’il circule en voiture en Espagne, il est victime d’un accident de la route au cours duquel son fils Pedro, âgé de 4 ans, trouve la mort, alors que lui-même est grièvement blessé. A la suite de cette tragédie, Botero réalise de nombreuses œuvres en mémoire de son fils. Parallèlement, pour perpétuer la mémoire de cet enfant, Botero fait don de 16 œuvres au Musée de Zea à Medellín. Ces œuvres sont regroupées dans une salle qui porte le nom de son fils, la « Salle Pedro Botero ».

Homme à cheval,2008

A partir de 1976, Botero se tourne vers la sculpture qu’il voit comme le prolongement logique et cohérent de sa peinture. Avec le bronze, son matériau de prédilection, ses personnages prennent toute leur ampleur, leurs formes rebondies et voluptueuses deviennent encore plus sensuelles. En deux ans, il sculpte 25 œuvres et peut faire sa première exposition de sculptures au Grand palais à Paris en 1977. Dans les années 80, sa sculpture se diversifie : il utilise aussi le marbre, en particulier le marbre blanc d’Italie.

Sphinx,1995

En 1992, la ville de Paris et le Salon des Indépendants lui rendent hommage : trente et une de ses sculptures aux silhouettes luxuriantes sont exposées sur les Champs Elysées et une centaine de ses études et peintures sur la corrida sont présentées au Grand Palais. L’année suivante, ses sculptures sont au Park avenue de New York et on peut les trouver en ornementation des espaces publics à Madrid, Lisbonne, Munich, Tokyo…

Les peintures et les sculptures de Botero sont d’une représentation volontairement sommaire pour dégager l’expression de manière plus immédiate et violente. Elles se caractérisent par un gonflement exagéré des formes. Lorsqu’il peint ou sculpte des figures humaines ou des animaux, l’artiste enfle les proportions dans des dimensions gargantuesques et fige ses personnages dans une attitude imperturbable et impénétrable. Ses œuvres ne sont parfois pas dénuées d’une intention humoristique : il dote ses imposantes créatures de détails vestimentaires d’une mièvrerie insolite comme par exemple un nœud dans les cheveux de la dame boursouflée comme un ballon prêt à éclater, des cols de dentelles pour ses personnages aux mensurations démesurées.

Cheval, 2009

Au fil des expositions et des commandes de sculptures dans les espaces publics, Fernando Botero continue à déployer de par le monde ses gros personnages très caractéristiques, aux formes rebondies et au regard fixe.

Question d’ART - édition GUS’ART juin 2011 - www.gusarts.com

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