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DALI Salvador (1904 – 1989)

Salvador Dalí, de son vrai nom, Salvador Domingo Felipe Jacinto Dalí i Domènech, naît le 11 mai 1904 à Figueras en Espagne. Il passe son enfance entre Figueras, Barcelone et Cadaquès où son père, notaire, possède une maison. Il est très important de mentionner que sa naissance intervient moins d’un an après la mort du premier fils de la famille, né le 12 octobre 1901 et mort le 1er août 1903, prénommé lui aussi Salvador. Ce frère aîné dont il porte le même prénom sera un double obsédant durant toute sa vie : « Je naquis double. Mon frère a été le premier essai de moi-même, génie extrême et donc non viable. »

Dès sa petite enfance, Salvador Dali manifeste des tendances à une extravagance qui, au fur et à mesure du déroulement de sa carrière, deviendra inséparable de son œuvre. Il commence à peindre très jeune et, vers l’âge de 17 ou 18 ans, il se passionne pour le cubisme, le futurisme et la peinture métaphysique de Chirico. Jusqu’en 1926-1927, toutes ces tendances se mêlent dans sa production.

C’est certainement vers le milieu des années 1920 que commence à prendre forme son "répertoire obsessionnel". Mais, s’il a recours dans ses représentations aux juxtapositions d’objets les plus imprévues, il n’en demeure pas moins qu’il n’abandonne pas le réalisme qui seul rend crédibles ses audaces. Outre la peinture, il exerce ses talents dans les disciplines les plus diverses : dessin, sculpture, littérature, mode, décoration, publicité, cinéma. Dans le domaine du septième art, il collabore notamment avec son ami Bunuel, pour des films comme Le chien andalou et L’âge d’or. Ses interventions souvent spectaculaires, ses caprices extravagants voire provocants, en font un personnage qui dépasse largement le cadre de son œuvre dont il n’hésite d’ailleurs pas à contrarier l’évolution naturelle afin de mieux répondre à l’image qu’il s’applique à imposer. Il élabore une iconographie tout à fait originale à travers laquelle il donne libre cours à ses fantasmes et à ses délires dont les thèmes, à dominante sexuelle ou morbide, sont empruntés à une terminologie pseudo scientifique influencée par les théories freudiennes et font appel à l’irrationnel et l’inconscient.

C’est dans ce contexte qu’il élève la paranoïa au rang des Beaux-Arts considérant qu’il s’agit d’une qualité indispensable à l’artiste. À cette époque, Miro l’introduit dans le groupe surréaliste. Dali, qui participe à l’écriture du scénario du film de Bunuel Le chien andalou est venu à Paris s’entretenir avec le cinéaste. Dans le groupe surréaliste, il rencontre pour la première fois une jeune femme russe, Helena Diakonova, connue sous le nom de Gala. Elle est alors la femme de son ami le poète surréaliste Paul Eluard. Dali invite le couple à Cadaquès l’été suivant pour un séjour de quelques jours. Il n’en faut pas plus pour que Gala et Dali s’éprennent l’un de l’autre. Dès lors, ils ne se quitteront plus et Gala va devenir pour le reste de sa vie son modèle et sa muse.

L’entrée de Dali dans le groupe surréaliste fait sensation. Il arrive en effet avec sa "méthode paranoïa critique" qu’il définit lui-même comme "une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’association interprétation critique des phénomènes délirants". Selon lui, aucun artiste ne peut échapper à la paranoïa. Il pressent les bases de sa méthode dès 1929, mais il lui donne vraiment consistance à partir de 1932, date à laquelle il fait la connaissance d’un jeune psychiatre, Jacques Lacan, qui vient de soutenir une thèse de doctorat sur la paranoïa d’une femme de 38 ans Aimée A. L’attention de Dali est attirée par le fait qu’Aimée A., qui possède des facultés physiques et intellectuelles intactes, réinvente cependant le réel à sa manière, dans une forme d’exaltation. Ce cas conforte Dali dans sa paranoïa, mais il précise que la sienne est « critique », c’est-à-dire déclenchée volontairement, contrôlée, et … peut-être simulée… Sur ces bases, il définit sa peinture comme « la photographie instantanée, en couleurs et à la main, des images superfines, extravagantes et inexplorées de l’irrationalité concrète. »

L’éléphant de l’espace (dessin de l’auteur)

En 1933, Dali fait sa première exposition à New York et s’installe aux États-Unis en 1940. L’année suivante, une Exposition rétrospective organisée au Musée d’Art Moderne de New York consacre son succès auquel il parvient notamment grâce à la publicité qu’il sait admirablement utiliser. Sa peinture évolue alors vers la décomposition des formes. Cette nouvelle voie aboutira, après son exclusion du groupe surréaliste, à la technique d’interprétation des modèles, qu’il qualifie d’« atomique », c’est-à-dire une technique d’éclatement des formes. Sa passion se déplace vers les sciences et surtout la physique et les spéculations spiritualistes qu’elle lui suggère. Ainsi, dans plusieurs de ses tableaux, les verres et les bouteilles prennent leur envol, les animaux sont en apesanteur dans l’espace… Enfin, après la dernière guerre mondiale, de retour en Europe, son ralliement au catholicisme romain sera à l’origine de grandes compositions religieuses. C’est sa période de mysticisme nucléaire, avec des toiles comme Le Christ et Corpus hyperbicus qui représente Gala en extase devant un Christ androgyne.

Artiste déconcertant, surtout lorsqu’il traduit dans ses œuvres son univers imaginaire et irrationnel, Dali surprend, au-delà de son exhibitionnisme théâtral, par la diversité et la qualité de sa production. Parmi les toiles qui l’ont rendu célèbre figurent : Les montres molles qui indiquent les heures flasques de la vie et que Dali disait avoir peintes un soir de migraine après avoir mangé un camembert coulant ; La Girafe en feu avec ses femmes-tiroirs qui se contorsionnent dans la lumière du soleil couchant ; L’énigme sans fin avec ses images doubles triples multiples, chères à Dali…

Outre son œuvre picturale, qui est la plus connue, Dali a également produit des sculptures, qui reprennent les thèmes qui l’obsèdent : L’éléphant de l’espace, volant à travers l’espace vers les cieux, les jambes tendues et rendues filiformes par l’absence de pesanteur, il porte un obélisque, symbole du progrès de la technologie ; Le cheval à la montre molle, véhicule de l’inconscient surréel, mi-pégase, mi-rossinante, représente la quintessence et la synthèse du surréalisme onirique de Salvador Dali ; La montre molle aux fourmis, traduit la complicité provocante de l’artiste avec les objets et illustre parfaitement sa fameuse phrase de 1931 concernant les montres molles : "Soyez persuadés que les fameuses montres molles ne sont pas autre chose que le camembert paranoïaque-critique tendre, extravagant, solidaire du temps et de l’espace". Parmi ses sculptures, citons encore La licorne ; Vénus à la girafe ; Cygne-Eléphant ; Pégase ; L’Homme-Oiseau, Le cheval de Troie …

Gala meurt en 1982 à Pujol. Dali lui survit 7 ans. Il s’éteint le 21 janvier 1989 à l’hôpital de Figueras à l’âge de 84 ans. Atteint de la maladie de Parkinson, il ne travaillait plus depuis plusieurs années.

Question d’ART - édition GUS’ART janvier 2012 - www.gusarts.com

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