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JOUVE Paul (1878 – 1973)

Paul Jouve naît le 16 mars 1878 à Marlotte en Seine-et-Marne. Il a 2 ans quand sa famille s’installe boulevard Saint Jacques à Paris. C’est là qu’avec application, il s’exerce à dessiner son chat. Son père Auguste Jouve, peintre et céramiste, l’encourage à persévérer et à se perfectionner. Il lui fait découvrir les musées et le Jardin des plantes où il se prend de passion pour les grands fauves. Il l’initie au modelage et l’envoie à l’École des Arts Décoratifs en 1891. Il n’y reste qu’un an, peu motivé par les exercices académiques.

Préférant dessiner d’après nature, il fréquente alors assidûment le jardin des plantes, le marché aux chevaux et les abattoirs tout proches de l’atelier de son père. Parallèlement, il suit des cours à l’école des Beaux Arts de la rue Bonaparte en élève libre. Pour parfaire ses connaissances anatomiques il fréquente le muséum d’histoire naturelle, et l’école vétérinaire de Maisons-Alfort. Dans le même temps, attiré par le travail des graveurs flamands, il s’intéresse à la lithographie et s’initie à cette technique dans l’atelier du lithographe Henry Patrice Dillon, ami de son père.

Rapidement, sa vocation d’artiste animalier s’affirme. Il fait de nombreux dessins d’animaux si bien qu’à l’âge de 16 ans il fait ses débuts au Salon des Artistes Français. L’œuvre qu’il expose, Les lions de Ménélik, est très remarquée. Réalisée au Jardin des Plantes elle est de facture académique. Cette même année, il réalise ses premières lithographies. Par la suite, il exécute pour l’Exposition Universelle de 1900 une frise d’animaux stylisés de plus de 100 mètres, destinée à orner la porte principale. Elle représente des tigres, ours, lions, taureaux, et mouflons. L’architecte Alexandre Binet qui lui a commandé cette frise, lui demande également de réaliser quatre lions pour orner la porte principale des Champs Elysées, entre les deux palais, et une statue monumentale représentant un coq ailes déployées qui sera érigé au dessus de l’arche de la porte principale de l’exposition. L’exposition Universelle de 1900 marque le début de sa notoriété.

Comme les grands animaliers du XIXème siècle, Paul Jouve fréquente les grands zoos européens et les abattoirs afin d’étudier l’anatomie des ses modèles. En 1904, il visite le zoo d’Hambourg, puis celui d’Anvers où il rencontre Rembrandt Bugatti avec lequel il se lie d’amitié. La même année, il présente une série de sculptures animalières en bronze à la Société Nationale des Beaux-Arts.

En 1906, il commence à illustrer Le Livre de la jungle de Rudyard Kipling, un travail qu’il achèvera en 1914. L’année suivante, en 1907, il devient l’un des premiers pensionnaires de la Villa Abd-el-Tif, aménagée dans la campagne algéroise sur le modèle de la Villa Médicis à Rome et qui a hébergé de 1907 à 1962 des artistes peintres venus de métropole, « les Abd-el-Tif ». Il rencontre là sa première femme, Annette Noiré, fille du peintre orientaliste Maxime Noiré considéré comme le premier peintre impressionniste de l’Algérie. Il ramènera de ce séjour quantités de dessins et de peintures.

Rentré à Paris, il reprend en 1911 l’ancien atelier du peintre Gérôme, rue Notre Dame des Champs où il travaillera jusqu’à sa mort. Nous sommes en 1914, Paul Jouve est mobilisé. Il connaît les tranchées et la boue. Mais dès qu’il le peut, il réalise des dessins, situés et datés, qui sont un précieux témoignage sur la guerre. Le 22 avril 1915 il survit à la première bataille de gaz asphyxiants. En octobre de la même année, il est à Salonique avec son régiment. Affecté au service photographique des armées, il ne participe plus aux combats.

En 1918 Paul Jouve, démobilisé, revient en France. Le Livre de la Jungle dont la parution avait été retardée par la guerre, paraît enfin et obtient un énorme succès. Il est maintenant un artiste reconnu et les commandes affluent. En 1920, il est nommé chevalier de la légion d’honneur.

En 1922, une bourse du gouverneur général d’Indochine lui permet de visiter l’Extrême Orient pendant deux ans. Ce long périple va le conduire en Indochine, en Chine, à Ceylan, puis aux Indes. Il restera à Angkor près de trois mois, fasciné par la beauté et la grandeur du site. Il peut alors tout à loisir observer la faune de ces contrées et il est indéniable que ce séjour va avoir une influence sur son œuvre. De retour en France, il est pressenti pour réaliser une affiche pour le film Le miracle des loups.

Avec ses amis du groupe des animaliers, Jacques Nam, Edouard-Marcel Sandoz, Auguste Trémont, Paul Jouve prend part à de très nombreuses expositions en France et à l’étranger. En 1925, il participe à l’exposition Universelle et il obtient une médaille d’or. Il en sera de même pour sa participation à celle de 1937. Au début de l’année 1931, il part pour un voyage de plusieurs mois en Afrique, heureux de pouvoir enfin connaître le pays des Touaregs. Il en rapportera de superbes dessins faits dans tous les pays d’Afrique traversés. À son retour, il participe à l’Exposition Coloniale Internationale de Paris, avec deux grandes peintures représentant des fauves, et la composition La Jungle et la faune, mettant en scène le palais d’Angkor. Il reçoit la médaille d’or, et c’est une de ses œuvres représentant un éléphant et son cornac, qui illustre la couverture du livre d’or de l’exposition.

En 1932, il décore d’animaux sauvages le Paradis terrestre de Colette. En 1933, il se rend au Caire, invité par le gouvernement égyptien, et il découvre la collection d’animaux rares du Jardin botanique. En 1937, il sculpte le Taureau des Jardins du Trocadéro à Paris et, en 1939, il présente à New York un Bouc en bronze à cire perdue. Cette même année, il participe à l’Exposition Coloniale du Grand Palais où il présente des sculptures représentant des touaregs et des bêtes sauvages.

Le 7 février 1945, Paul Jouve est nommé membre de l’Académie des Beaux Arts à la place laissée vide par Maurice Denis. Peintre, illustrateur et sculpteur, Paul Jouve aura sa vie durant la passion des animaux. Dans ses œuvres, il les éloigne toujours de toute situation de tension ou de brutalité et les représente pour eux-mêmes, avec une grande bienveillance, ainsi qu’en témoignent Cheval de halage ; Chien fox terrier ; Cleo, le chien à la dragée ; Loup ; Éléphant ; Lion marchant ; Lion tuant une chèvre ; Lion dévorant un sanglier ; Lionceau ; Trois singes, Panthère marchant... Le Musée des Arts Décoratifs à Paris conserve Guenon protégeant ses deux petits.

Paul JOUVE et son père

Jusqu’à la fin de sa vie, il continue à fréquenter régulièrement la fauverie du jardin des plantes et les enclos du zoo de Vincennes. Malgré quelques ennuis de santé, il peint jusqu’à sa mort et expose dans tous les grands Salons. Il décède dans son atelier, le 13 mai 1973, à l’âge de 95 ans.

Question d’ART - édition GUS’ARTS janvier 2012 - www.gusarts.com

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