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Le Cheval - livre Ptolémée

De toute éternité, le cheval a occupé une place de premier ordre dans les civilisations qui se sont développées au cours des siècles. C’est pourquoi, plus qu’aucun autre animal, il a été étudié, détaillé, analysé et interprété par les scientifiques comme par les artistes. Les travaux des uns se sont enrichis par les observations des autres. Pour preuve le fameux écorché d’Honoré FRAGONARD conservé dans le musée de l’Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort près de Paris. Souvent appelé« Cavalier de l’Apocalypse » en référence à l’œuvre de DÜRER, il représente un double écorché, un homme et un cheval, unis à jamais dans une composition qui tient de la nature du Centaure. FRAGONARD, par cette œuvre, souhaitait mettre en évidence que l’Homme est un animal comme les autres, à l’encontre des théories de BUFFON qui professait que « rien n’est plus éloigné de l’Homme que le cheval ».

Le cheval PTOLÉMÉE, magnifique sculpture en bronze de 1,40m de long pour un poids de 113 kg, se situe dans la lignée de cette relation entre les sciences et les arts.
Le cheval PTOLÉMÉE illustre nos travaux scientifiques et artistiques. A travers cette évocation, le cheval de bronze PTOLÉMÉE symbolise le lien solide qui relie l’approche du scientifique et la démarche de l’artiste. Il personnifie les rapports inaltérables entre la Science et l’Art, entre la culture et la nature, entre le matériel et l’irrationnel, mais aussi l’importance du livre dans la transmission des connaissances et la marche en avant du progrès de l’humanité.

Saisi au moment où il bondit en prenant appui sur des livres, PTOLÉMÉE s’envole dans l’espace en hennissant, le corps constellé d’ouvrages, flamboyant symbole de la relation qui unit science et art. Libre et fougueux, il s’élance, immortalisé lorsqu’il ne semble plus toucher terre et apparaît comme suspendu dans l’air dans toute l’expression de sa force et de sa beauté. L’esthétique, puissante et aérienne, est à la mesure de la prouesse technique. Toute la masse du cheval repose sur un seul sabot et cet équilibre extraordinaire est le fruit d’une audacieuse recherche architecturale du sculpteur.


PTOLÉMÉE, dans sa course audacieuse et énergique, est la personnification qu’au-delà des apparences, la science et l’art donnent, chacun à sa façon, du sens à la réalité et nous permettent d’accéder à cet espace insolite et extraordinaire qui se situe en dehors de la perception commune des êtres et des choses.

Pourquoi PTOLÉMÉE ? Au-delà de l’adéquation entre la sonorité de ce nom illustre et la fougue éblouissante du cheval, il existe une raison allégorique. Le cheval PTOLÉMÉE, au corps chargé de livres de médecine et d’ouvrages d’art, les deux facettes du médecin et du critique d’art ne pouvait porter de nom plus évocateur. « PTOLÉMÉE » nous renvoie à la dynastie des PTOLÉMÉE qui, après la mort d’Alexandre le Grand, régna sur l’Egypte jusqu’à ce que Rome s’empare du pays. Si les guerres de palais, incessantes et meurtrières, font de cette époque une période bien peu glorieuse du point de vue politique, en revanche, sur le plan intellectuel, l’Égypte des Ptolémée, profitant du déclin d’Athènes, a brillé de tous ses feux et la ville d’Alexandrie est devenue la capitale culturelle du monde méditerranéen, notamment dans le domaine des mathématiques, de l’astronomie, de la médecine. PTOLÉMÉE Ier Soter, général d’Alexandre et premier Roi de cette dynastie, est à l’origine de la création de la célèbre bibliothèque d’Alexandrie, incarnation s’il en est du mythe de la conservation en un seul lieu de tous les savoirs du monde. Ses successeurs ont tous continué son œuvre.


Le projet à la fois admirable et insensé des PTOLÉMÉE était de regrouper dans les murs de la bibliothèque d’Alexandrie tous les livres existants sur terre. Dès l’origine de cet immense projet Ptolémée 1er Soter a eu non seulement l’obsession de la préservation de tous les textes existants et à venir, mais aussi le souci de la transmission des connaissances qu’ils renfermaient, des connaissances parfois bien ardues. Pour preuve cette anecdote sur le grand mathématicien Euclide, auteur des Eléments de mathématiques, traité portant sur la géométrie et l’arithmétique et présentant un large ensemble de théorèmes accompagnés de leurs démonstrations. Ptolémée l’avait fait venir à la bibliothèque d’Alexandrie et on raconte que, dérouté par la complexité des Eléments d’Euclide, très difficiles à étudier, il lui avait demandé s’il n’y avait pas une voie plus facile pour comprendre ses mathématiques. Euclide aurait répondu « Sire il n’y a pas de voie royale pour la géométrie ».

Cette entreprise herculéenne de la dynastie des Ptolémée, a pris fin avec la disparition de ce joyau antique dans des conditions qui demeurent à ce jour un mystère non véritablement élucidé puisque l’on ne sait pas véritablement si la bibliothèque d’Alexandrie a été brûlée, dévastée lors de soulèvements contre les empereurs romains, détruite par les premiers chrétiens, pillée lors de la conquête arabe, ou encore désagrégée en raison de la fragilité des papyrus dans le climat humide de la ville. En fait, il est possible que ce soit la conjonction de tous ces évènements qui se sont succédé qui a entraîné sa disparition, ce qui explique que l’on n’en connaisse pas la date exacte. C’est pourquoi, présenter cette merveille sous les traits du cheval PTOLÉMÉE est un moyen de la faire revivre.

Pour comprendre toute la portée de la symbolique, il est nécessaire d’en donner les clés qui se résument en trois grands axiomes :

    Le cheval PTOLÉMÉE est le lien avec un passé prestigieux qui a fait la part belle à la conservation et à la diffusion des savoirs ; le cheval PTOLÉMÉE est un lien indéfectible avec le livre et son rôle majeur dans la propagation des connaissances ; le cheval PTOLÉMÉE incarne un inaltérable attrait réciproque entre les sciences et les arts. Le cheval PTOLÉMÉE : un saut dans le passé pour évoquer l’importance de la conservation et de la diffusion des savoirs

Pour évoquer le rôle joué par la conservation et la diffusion des connaissances dans le développement des civilisations et le progrès de l’humanité, laissons-nous porter par le cheval PTOLÉMÉE et faisons avec lui un saut dans le passé prestigieux de la bibliothèque d’Alexandrie.


La bibliothèque d’Alexandrie a été fondée en 290 avant notre ère par Ptolémée1erSoter, général d’Alexandre le Grand, aidé dans sa tâche par Démétrios de Phalère, orateur et homme d’État athénien réfugié à la cour d’Alexandrie. Ptolémée1er, intellectuel subtil et compétent, poursuivait là le rêve d’Alexandre le Grand, illustre conquérant mais aussi lecteur assidu de l’Iliade, admirateur du héros grec Achille et ancien élève du savant grec Aristote.

Ptolémée 1er s’était donné comme dessein, de rassembler « les livres de tous les peuples de la terre ». L’expression est de Démétrios de Phalère. Il faut souligner que le mot bibliothèque vient précisément du grec « biblion » qui signifie livre et de « thêkê » qui signifie armoire, réserve. Donc un lieu pour conserver les livres. Et, de fait, la bibliothèque d’Alexandrie a été la plus célèbre de l’Antiquité, connue pour abriter les ouvrages les plus importants de l’époque. Rassemblés par les souverains Ptolémée successifs, les volumes, qui étaient au nombre de 200 000 sous Ptolémée 1er, auraient atteint 700 000 au moment de la disparition de la bibliothèque.

Pour rassembler rapidement et efficacement tous les savoirs du monde, et faire d’Alexandrie le centre incontesté des sciences, des arts, de la littérature et de la philosophie, les Ptolémée firent de nombreuses acquisitions de manuscrits dans le monde entier et dans toutes les langues. Une section spéciale était chargée de la traduction en langue grecque. Le travail était colossal ; les intellectuels et savants de chaque pays d’origine des manuscrits étrangers devaient maîtriser à la perfection leur propre langue ainsi que le grec. Les Ptolémée achetèrent des bibliothèques entières de livres patiemment recherchés, achetés et réunis par des collectionneurs éclairés, notamment la considérable et renommée bibliothèque d’Aristote. Mais ils employèrent aussi des moyens beaucoup moins loyaux pour augmenter leur fonds : ne reculant devant rien, ils utilisèrent la ruse, voire la saisie pure et simple des livres convoités. Ainsi, l’un de ces souverains, Ptolémée Evergète, qui voulait enrichir la bibliothèque avec les œuvres de Sophocle, d’Eschyle et d’Euripide, avait demandé à Athènes de lui prêter tous les volumes de ces auteurs moyennant paiement d’une caution afin, avait-il spécifié, qu’il en fasse des copies. Il préféra perdre la caution et garder les œuvres originales ! Ce même Ptolémée Evergète fit, de surcroît, promulguer une loi qui stipulait que tous les livres transportés par des navires qui faisaient escale à Alexandrie devaient être cédés à la bibliothèque d’Alexandrie. On remettait toutefois une copie aux voyageurs propriétaires des volumes saisis et donc délestés de leurs biens ! Enfin, les Ptolémée donnèrent l’ordre de rechercher partout dans le vaste monde les ouvrages dignes d’intérêt et rares qui pourraient manquer dans leur fonds. La quantité de livres collectés fut telle que sous le règne de Ptolémée Evergète, en 235 avant Jésus-Christ, il fallut créer une bibliothèque annexe.


Le cheval PTOLÉMÉE, nous l’avons dit, a les flancs gonflés de livres d’art et de livres de médecine. Ce précieux chargement nous renvoie à un autre aspect de l’œuvre des souverains Ptolémée : La présence, dans l’enceinte de la bibliothèque, d’un lieu réservé à l’étude et à l’enseignement des arts et des sciences. En effet, il est à préciser que la bibliothèque d’Alexandrie, fameuse entre toutes, jouxtait un « Mouseion », terme qui a donné en français le mot musée. Mouseion signifie le « Palais des muses ». Il s’agissait initialement d’un sanctuaire consacré aux Muses, divinités des arts. Puis le terme a progressivement évolué pour désigner un lieu consacré aux arts, puis un lieu d’activités culturelles et scientifiques. Chaque Muse y représentait ce que nous nommons une « faculté » dans notre système universitaire actuel. Ainsi, le Mouseion d’Alexandrie abritait une académie des sciences et des arts, et il accueillit dans son périmètre l’illustre bibliothèque. Cet ensemble, dont l’utilité et le fonctionnement était interdépendant, était tout à la fois un lieu de vie et un espace de travail. Toutefois, il est à noter que les professeurs, payés par le souverain, n’étaient pas obligés de donner des cours. Ils pouvaient se consacrer uniquement à leur érudition car leur mission première était de contribuer, chacun dans sa spécialité, au progrès des sciences, des lettres et des arts.

L’écrivain Strabon, géographe et grand voyageur, indique qu’il a visité le Mouseion d’Alexandrie lors de son voyage en Egypte en 25 ou 24 avant Jésus-Christ. Il rapporte que cette communauté d’érudits possédait des biens en commun et que ses membres étaient nourris gratuitement et exemptés d’impôts. En leur octroyant de tels avantages, les Ptolémée avaient pour but d’attirer à Alexandrie les savants de toutes les parties du monde et de toutes les spécialités, les philosophes et les artistes de renom. Strabon nous décrit la bibliothèque comme un bâtiment construit près du palais des Ptolémée, comprenant une cour ombragée entourée d’un portique où élèves et professeurs pouvaient discuter, une grande salle où avaient lieu les cours magistraux, des salles de recherche, des petites salles dédiées à l’enseignement des Maitres qui acceptaient de donner des cours aux élèves, et un réfectoire.

Les grands savants qui vinrent à Alexandrie et fréquentèrent la bibliothèque, furent incontestablement à l’origine de progrès considérables dans tous les aspects des savoirs de l’époque. C’est en particulier en ce lieu qu’a été affinée l’écriture grecque avec la séparation des mots et leur accentuation, la syntaxe et la tradition grammaticale. C’est aussi dans ces murs qu’ont été développées de nombreuses matières telles que la science mathématique, l’astronomie, la géographie… Il existait au Musée des chaires de philologie, de philosophie, de critique littéraire (en particulier les commentaires de l’œuvre d’Homère d’où est issue notre tradition grammaticale), de poésie, de musique, de mathématique, de médecine, d’anatomie, d’optique. S’y ajoutaient une salle réservée aux dissections, un observatoire astronomique, un jardin botanique, une réserve d’animaux rares, et bien entendu la bibliothèque, indispensable au bon fonctionnement de l’ensemble en ce qu’elle permettait aux érudits de se documenter à travers les ouvrages d’importance qui s’y trouvaient. Ils pouvaient étudier les travaux de leurs prédécesseurs et y déposer les leurs à l’intention des générations futures.

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