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Parpan 83 ans après Rodin

83 ANS APRES RODIN LA SUISSE
HONORE LE SCULPTEUR FERDINAND PARPAN

Couple dans la vie

Sculpteur de grande notoriété, FERDINAND PARPAN* vient de se voir décerner le titre de "citoyen d’honneur suisse". Une exposition permanente de ses oeuvres lui est consacrée au Musée de Vaz/Obervaz, la ville de DIEGO GIACOMETTI.

Cette distinction prestigieuse et exceptionnelle honore "un jeune homme de 98 ans" toujours très actif dans son atelier** qui, à l’instar d’un Auguste RODIN ou d’un François POMPON, a beaucoup contribué au renouveau de la sculpture tout au long du siècle qui s’achève.

Lors du Salon de l’Art Libre de 1957, à Paris, où FERDINAND PARPAN exposait ses œuvres, un célèbre critique écrivit : "PARPAN continue la tradition de ses ancêtres, évoluant vers une nouvelle expression, d’une esthétique moderne. Il est un Maître de la sculpture ».

Il est un fait que ce "Maître de la sculpture", originaire des Grisons, mais n’y ayant jamais vécu, se sentant là-bas trop à l’étroit pour exister

Torse de femme

et créer sur un sol montagneux, peu fertile, dur à labourer, "avec des montagnes trop dures pour la sculpture", n’a travaillé que dans un "paysage urbain"

Son père est un sculpteur italien ornemaniste sur bois, travail qui demande de la dextérité et de la créativité. De bonne heure, il a deviné les capacités de son fils, si bien que, grâce à un petit établi installé près du sien, il initie FERDINAND PARPAN très jeune au travail du bois qui, de simple jeu, devient une véritable activité. Ainsi, alors que FERDINAND PARPAN est à un âge de découverte, attiré par les choses bien polies, bien finies, et étant méthodique et ordonné, il entre dans le monde professionnel à 13 ans.

Chez deux maîtres-graveurs, il pratique le modelage (qui lui permettra plus tard le coulage des bronzes), la pointe sèche, il reproduit en taille douce des tableaux de Maîtres, il cisèle en ramolayé (bas-relief) et il grave des médailles. Ainsi, sa vocation de sculpteur s’affirme-t-elle déjà et, comme il le dit : « Quand j’étais jeune, je croyais que le sculpteur était un type avec un ciseau et un marteau qui tape sur la pierre. Or c’est surtout un moyen de dire certaines choses avec n’importe quel matériau ». Il a donc recherché, par sa sculpture, à nous faire découvrir d’autres horizons, à nous ouvrir à de nouvelles formes de sculptures, c’est indéniable...

Méditation

Mais vers 1920, il doit reprendre avec son père le travail du bois. Il sculpte alors des sujets, son père s’occupant des styles. En 1926, il se marie. Il dira plus tard de sa femme qu’il « a pu la laisser à la maison sans qu’elle soit obligée ’de travailler, mais il reconnaît que la vie ne devait pas toujours être rose pour elle ».

Recherchant, vers 1930, du travail dans le dessin, car personne ne veut d’un sculpteur, une opportunité s’offre à lui, sous la forme d’une commande d’art religieux : il peut ainsi continuer son art, même s’il ne vend pas à cette époque-là, et « pourra », dit-il lui-même, « tel un bon vin, mûrir jusqu’à nos jours »... car, pour FERDINAND PARPAN, sculpter c’est un peu comme respirer, tellement est grande sa vocation, sa passion de sculpteur...

Couple, albâtre

Sa première exposition particulière à Paris date de 1936, mais 20 ans de réflexion suivront avant qu’il n’expose de nouveau personnellement, et, durant cette période, FERDINAND PAR PAN ne suit pas d’autre école que celle de la vie. Il prend même les membres de sa famille comme modèles et dit « que son père était merveilleux et facile à décider pour poser ». Il ne fréquente aucun milieu artistique, même s’il est intéressé par toutes les formes d’art. C’est un autodidacte qui ne relève d’aucune école et qui s’est très tôt détaché des influences pour devenir intégralement lui-même. Il travaille seul dans son atelier parisien, avec la sensibilité toujours en éveil, ardente, prête « à trouver une solution plastique à ses élans ». Il crée ainsi, sans autre but que pour le plaisir, et la joie accompagnant ses travaux, la fantaisie et la légèreté dominent.. N’avons-nous pas l’impression que ses sculptures sont presque.. vivantes.. ? Il sculpte avec un souci du détail, une fluide transparence et une ponctuation audacieuse. Pour lui, sculpter c’est un peu comme converser avec le matériau, c’est certes un travail solitaire, mais où il se sent devenir le confident de la matière qu’il travaille de ses mains.

C’est pour lui comme une aventure, que de reproduire un sujet, où il devra définir un espace précis. Installé dans son atelier, rue du Retrait à Paris, il n’a pas recherché - probablement volontairement - les échanges avec ses confrères pour mieux se consacrer à son art et pour aussi peut-être éviter de limiter ou de déranger sa liberté de créer... mais n’oublions pas, qu’en réalité, il ne travaille jamais seul : en effet, que ce soit le matériau employé pour sculpter, le trait lorsqu’il dessine ou l’énergie qu’il déploie pour nous transmettre ses gravures, tous "l’accompagnent" à chaque instant afin qu’avec une patience infinie, un don d’observation immense et une application merveilleuse, il donne corps à la matière qui deviendra alors, soit un musicien (photo N°4), soit un animal.. et ses créations nous touchent profondément, ce qu’il a superbement réussi pour chacune d’entre elles...

Chat allongé

FERDINAND PARPAN possède un sens des formes et des rythmes qu’il fait vivre avec tous les matériaux, les formes naissent d’instinct et il a une "intelligence des mains" (en plus de celle de la tête...). Sa gestuelle est minutieuse. Cette "intelligence des mains" lui permet de créer de la même façon avec de la pierre, du marbre, de l’albâtre, de l’ivoire, mais aussi du bronze ou du bois, si bien que l’espace et la plénitude sont constamment offerts à nos yeux.

Son but est de voir bien plus loin que le présent. Il ne prête pas attention aux tendances de la mode et réalise, pouvons-nous presque dire, son rêve intérieur... si bien que sa sculpture exerce sur nous, d’un côté, une fascination, mais d’un autre côté, un mystère par ses formes, tantôt exubérantes, tantôt humbles, et les deux fusionnant admirablement pour nous donner des œuvres somptueuses et uniques ne pourrions-nous donc pas dire que FERDINAND PARPAN est un explorateur de l’art par sa sculpture aux formes courbes qui nous fait ainsi découvrir le mouvement ?

Il sait retrouver dans l’objet une fois sculpté des images, des impressions, des faits qui l’ont ému très profondément, que ce soit dans son corps

Couple dans la vie

, mais aussi dans ses pensées, et avec lesquels il ressent de grandes affinités. C’est ainsi qu’il peut rattacher ses sculptures aux différents moments de sa vie d’une manière inoubliable et touchante car elles nous offrent une palette d’émotions qui ne nous laissent jamais insensibles.

Ainsi, de cette façon, FERDINAND PARPAN est un artiste sincère, véritable, qui nous émeut, nous touche, enrichit notre vie personnelle en nous apportant de la joie, que l’on pourrait nommer "un oublié de la gloire", donnant cette impression assez unique d’avoir atteint et gagné, après une longue traversée silencieuse, une sorte de perfection formelle qui sommeille au coeur de la matière et qui n’est offerte qu’aux plus talentueux et aux plus innocents.

Il possède un jeu délicat qui s’est établi entre les différents éléments de la sculpture et il capte la lumière et l’ombre de telle sorte qu’elles ne forment plus qu’un mince filet, comme un trait. Entre les sujets qu’il est en train de sculpter et qu’il prend soin de créer avec application et amour, il y a une étroite et intense intimité.

On a souvent dit que FERDINAND PARPAN « n’était pas un enfant de son temps, ni de l’art de son temps. Il était l’enfant de ses propres rêves, de son effort, de sa ténacité, d’une constance qui vaut bien les plus éclatantes démarches ». En lui nous trouvons la lucidité et la compétence. C’est comme s’il disposait d’une palette infinie de thèmes et qu’il variait, avec un plaisir non dissimulé, ses formes, comme pourrait-on dire, une symphonie composée de moments subtils, puis de morceaux rutilants, et enfin, de passages mystérieux ou glorieux...La virtuosité des formes sculptées et tellement admirées en font de lui un artiste passionné par la ligne, le mouvement, le contour, la physionomie, l’ombre, la lumière.. et bien sûr les courbes...

Fourmilier

Peut-être a-t-il choisi de sculpter à partir de son enfance, puis de son adolescence, si bien que son monde ou ses projets sont ainsi constitués du désir de retrouver certains moments privilégiés faits de cette perception du monde de cette époque ? Peut-être est-elle, pour lui, un moyen pour se rendre compte de sa vision du monde extérieur, la réalité n’étant pas un prétexte pour faire des œuvres d’art mais un moyen nécessaire pour réaliser ce qu’il voit et ce qu’il perçoit ? Ne pourrait-on pas alors dire qu’il est très lié à son travail et qu’il se sent comme "possédé" par sa sculpture ? N’a-t-il pas une inspiration fabuleuse, un sens .très développé de la singularité du temps dans lequel il vit et qui lui procure beaucoup de joie et de sincérité ? Nous avons l’impression que lorsqu’il sculpte dans son atelier, il est dans une sorte de jubilation, de félicité intérieures, tellement son bonheur et sa satisfaction sont grands de pouvoir offrir à notre regard, par exemple, un "Hibou", une "Danseuse sur pointes" ou encore "un Saint Jean Baptiste "...Son œil d’artiste ne connaît ni repos ni fatigue, sculpter pour lui, c’est comme respirer.. .Et notre œil, devant ses sculptures, lui aussi, il’ a pas le droit au repos...alors, la forme que nous admirons est constituée d’une courbe qui nous donne envie de nous courber avec elle, de faire un avec elle.

Pour sculpter, FERDINAND PARPAN utilise toutes sortes de matériaux, que ce soit le corail, mais aussi l’ivoire, ou encore l’albâtre, l’onyx, le marbre, la pierre ou le bois. Il choisit le matériau qui le frappe, le jugement esthétique venant s’ajouter à l’élan affectif... Et c’est peut-être pour cela qu’il a comme préférence le bois, qu’il s’agisse du bois d’ébène, du bois d’acajou, du bois de chêne, de poirier, de l’irokko ou du buis. En effet, en dehors du fait qu’il ait appris la sculpture sur le bois, sa grande joie est de travailler "un bloc de matière brute "... en pratiquant aussi le modelage "en ronde bosse"... de telle sorte que la fluidité de la matière et les formes sculptées d’une manière tellement légère se combinent harmonieusement et admirablement. Il nous fait ainsi accéder à un univers de sensation, d’émotion et de création rendu vivant grâce à cette technique. FERDINAND PARPAN travaille en taille directe principalement, technique demandant le respect de la matière, la recherche des grandes surfaces et des grandes lignes simplifiées...et ainsi, jour après jour, et sculptant selon son cœur, sa gestualité sculptée donne des formes souples, non statiques.

Maternité

En taillant la pierre, le marbre, l’onyx ou l’ébène, il ne s’autorise aucune erreur... car il est exigeant. Alors, avant de commencer son oeuvre,

Le baiser

il polit lentement et consciencieusement les pierres, les bois, et cela lui donne des surfaces bien lisses où la lumière et le volume sont parties prenantes... Cela ne nous donne-t-il pas une impression de calme, d’apaisement, que d’avoir des surfaces si lisses, et de là, des formes harmonieuses et douces, le marbre blanc favorisant, de par sa texture, la caresse, l’harmonie, la tendresse ? De ce fait, ne pourrions-nous pas dire que, d’une certaine façon, sa sculpture est aussi tactile ?

Les tailles directes, qu’elles soient en pierre, en marbre, en ivoire, en bois ou en albâtre nous incitent à les toucher, à les caresser... Les couples enlacés, les nus de femmes, les torses aux splendeurs virginales (photos N° 1 et 2), les maternités, où les couples de danseurs sont imprégnés d’une douceur, d’une suavité, mais bien sûr aussi d’une sensibilité, d’une tendresse et d’une sensualité accentuée par "la ronde bosse" que nous ressentons dans toute son oeuvre.

Ses sculptures ne sont là que pour nous plaire, nous laissant toutes des souvenirs impérissables, inoubliables par la pureté de leurs formes et par leur "courbisme" qui nous touche profondément. Grâce, en effet, à son œil et à sa main totalement exercée, son œuvre est d’une magnificence unique, d’une luminosité et d’une clarté prestigieuses.

Ses œuvres gardent l’émotion et la ferveur qui leur ont donné vie, qu’elles viennent du minéral ou du végétal, comme par exemple des femmes lovées dans un sommeil originel, ou des nus à la plénitude charnelle, ou encore des animaux saisis dans leur attitude emblématique, totalement intacts.

Torse

Sans relâche, FERDINAND PARPAN est toujours en quête de la vérité, d’un besoin d’établir un lien profond avec sa sculpture, à la recherche de la pureté, de la simplicité, de l’élégance, de la clarté, de la simplification des lignes et des formes... car, ce qui compte, c’est la forme, elle est ou elle n’est pas. Finalement, c’est là qu’est la différence entre un objet d’artisanat et une œuvre d’art. Dans toutes ses sculptures, il met peu de détails, car, son but, en polissant chaque sujet, est d’obtenir une pureté maximale, de telle sorte que son sujet devient très vite quelque chose de simple, d’équilibré voire de sobre, mais l’immense expressivité n’est jamais oubliée non plus...Il éveille notre imagination lorsqu’il nous offre une nouvelle sculpture et sait allier l’harmonie des formes et la rigueur des lignes en nous offrant avec chaque œ’uvre, comme un trésor précieux et unique.

L’influence de l’ombre et de la lumière, des lignes et des volumes caractérisent ses sculptures qui sont d’un grand modernisme. Sa grande sensibilité nous émeut, nous touche. Son art est d’une immense sincérité, d’une vérité profonde, il possède un sens des volumes et un souci des structures qui ravissent nos yeux.

Le trouble que nous communique le trait ou la ligne de ses animaux, de ses nus ou de ses musiciens est lié à une sorte d’oubli profond de l’artiste lui-même et nous ne pouvonsrester passifs devant ces magnifiques sculptures car elles nous interpellent toutes.

FERDINAND PARPAN sait transformer le concret en le simplifiant, donner une âme à chaque sculpture, et ce, en l’épurant, en ne cassant

Renne

aucun mouvement, mais en donnant une certaine géométrie, une certaine symétrie aussi. Il sait aussi varier ses sculptures, car chacune d’elle lui donne à chaque fois une image différente, comme si son œil ou son esprit ne pouvaient tout percevoir ou tout dire en une seule fois, en même temps, et ainsi, elles lui permettent d’explorer toutes ses possibilités intérieures. Alors il peut arriver, en quelque sorte, à un dialogue nouveau, différent et plus profond à chaque œuvre qu’il sculptera de telle ou telle manière... et qui n’aura absolument aucune emprise sur le temps... En effet, ne pouvons-nous pas dire que, bien que son œuvre reste de notre époque, son art évolue hors du temps ? Il est, en fait, à la fois d’hier, d’aujourd’hui et de demain... Ses sculptures sont pour lui un inlassable répertoire de formes sans cesse renouvelées où il exploite toutes les possibilités qui s’offrent à lui sans se limiter et en poursuivant des rythmes, des arabesques, des impressions ressenties qui se retrouvent dans ses nombreuses sculptures... qui restent pour nous toutes très compréhensibles, très proches de nous, très attachantes.. et qu’il restitue dans leur essence la plus parfaite...

Son travail est rigoureux, réfléchi, lent, patient. Il sculpte puissamment la vie en mouvement, intégrant le cubisme, mais il y ajoute un "certain courbisme", d’abord des formes ou des lignes qui donneront envie au spectateur de s’approcher pour toucher, caresser, et qui provoqueront, par une courbe lisse, "un choc émotionnel". Il nous communique un sentiment à la fois homogène et pur. Ne devient-il pas ainsi un créateur, un précurseur... innovant une sculpture toute de courbes (photo N°3) et aux lignes épurées (photo N°4), totalement unique et inoubliable grâce à toutes ses sculptures tellement expressives... et comme vivantes ? Ne pourrions-nous pas ajouter, par là même, que sa sculpture est moderniste, car elle n’est ni réaliste, ni abstraite, mais d’une grande originalité par ses formes constituées de courbes ?

L’accordéoniste (Bronze)

Ses sculptures, de cette façon, "valsent entre cubisme et impressionnisme", écrit Anne Kerner en mai 1994. Et d’ajouter ensuite : "Dans ses baigneuses et dormeuses lovées sur elles-mêmes, dans son thème fétiche des musiciens inauguré dès les années 30, il rythme et synthétise, étire corps et instruments. Et refuse tout détail superflu. Pour ne plus rendre qu’une calligraphie. Dynamique et spontanée"... car il fait une éloge de l’espace, sachant s’adresser, communiquer avec lui, le recréer en le sculptant, pour ainsi dire, afin de le faire exister. Il voit, dans son travail, toute la richesse des visions de la sculpture qu’il aura façonnée selon ses désirs, ses plans, ses rêves aussi. Si bien qu’en sculptant ses formes, une expérience nouvelle prend jour pour lui et elle lui permet de s’affirmer tout en recherchant le beau ou la création d’un monde qui l’envoûte ou l’autorise à l’évasion. Pour lui, l’art est réflexion et}’ intelligence corrige la vision : il reconsidère les formes apparentes pour les rendre intelligibles et cristallisées dans le temps, c’est-à-dire vraies.

Son observation découvre les grands aspects des objets qu’il sculpte (tels les nus, ou les musiciens - photos N°S, 6- par exemple..),

Eve

l’harmonie des formes (photos 7, 8) et de l’équilibre entre l’ombre et la lumière étant le résultat incontestable de la réussite de son œuvre.

FERDINAND PARPAN ne s’attache pas à l’aspect habituel, anatomique des formes, car il glorifie le corps humain étant un artiste figuratif, et, avec une grande simplicité, sculpte dans une tranquillité sereine...De même, les représentations de ses animaux sont bien plus élaborées, plus touchantes, plus synthétisées même que celles de François POMPON.

Il sait traduire ses sensations et ses impressions avec une grande et lucide réalité et reste constamment clairvoyant. Il est sans cesse en éveil devant le monde sensible et essaie d’en dépasser les limites pour tenter d’en résoudre le mystère, la poésie et le rêve, et de trouver de multiples créations variées appartenant à un univers qu’il côtoie dans toutes ses facettes. Ses sculptures ont, de ce fait, le charme très particulier, unique, d’une étroite, voire indissociable relation entre son idéal d’artiste et l’intimité de son existence... César disait de lui : "FERDINAND PARPAN est un prodige. Cet artiste toujours élégant arrive à sortir de ses mains et à l’infini des œuvres d’une grande beauté et d’une grande pureté". Possédant ainsi une profonde générosité, l’ œuvre de FERDINAND PAR PAN peut être admirée par chacun sans restriction d’autant plus que son oeuvre ne serait pas complète si nous ne mentionnions pas ses gravures et ses peintures... En effet, en tant que grand artiste, il sait maîtriser la forme et la couleur, nous faisant ressentir subtilité et sensibilité constamment présentes. En peignant ses nus ou même son atelier (qui nous offre une description générale de "sa production" avec un ’regard objectif sans être admiratif), ne ressentons-nous pas comme une sorte de peinture impressionniste de par ce jeu des ombres, des lumières et des couleurs qu’il utilise et auquel nous nous prenons avec le plus grand plaisir ?

Le flutiste

FERDINAND PARPAN a su très tôt se dégager du "classicisme" pour atteindre "le modernisme" : il a, en effet, réalisé une sculpture qu’il a appelé "l’Arbre de Vie", voulant nous expliquer que "la mort n’est pas une fin, mais un commencement", dit-il lui-même. Cette notion est totalement intériorisée. Nous ne voyons en fait pas de forme véritable car sa sculpture possède une grande fluidité - mais plutôt des éléments et des données appartenant à nos repères et qui nous émeuvent par leur prestige magique, leur action, leur frémissement, et, bien sûr, leur ligne si délicate, riche et raffinée et qui nous invitent à une méditation grave sur le caractère transitoire de l’existence et l’immanence de la mort. Et de continuer : "Par la mort renaît une nouvelle vie, créatrice, prolifique, bénéfique, qui s’élève au-dessus des contingences terrestres".

Cette sculpture a, en effet, été réalisée par FERDINAND PARPAN à la suite d’une promenade dans le cimetière du Père Lachaise (à Paris). Il avait alors remarqué que "des arbres ayant pris naissance dans des tombes, avaient puisé une forte et grande croissance, étaient devenus très puissants, s’élevaient hauts et, par leurs racines, entouraient et broyaient pierre et fer", nous explique-t-il. Et de continuer : "Ainsi, au sol, le crâne, en albâtre, représente la mort, la destruction, les ténèbres, et l’arbre, sur les branches duquel figurent et se dispersent les esprits, mais au-dessus du néant, dans un jaillissement prolifique, renaît une création de vie e,t de couleurs, amenant l’espérance de la victoire » conclut-il.

Ainsi, il nous offre une oeuvre flamboyante et superbe prenant racine dans les forces occultes, dans l’inconscient, et maîtrisant, par là même, la création d’un édifice tant intérieur qu’extérieur... qui, grâce à notre regard, notre présence, permet à son œuvre de prendre vie, d’exister. Le pouvoir d’enchantement et d’enthousiasme qu’elle exerce sur nous ne s’épuisera jamais... parce que l’art de- FERDINAND PARPAN atteint des proportions grandioses de par son application infinie, sa constante patience, son don d’observation exacerbée, si bien que nous pouvons dire que son œuvre rejoindra celle de tous les autres grands artistes... César ne s’était d’ailleurs pas trompé lorsqu’il avait dit, lors de l’attribution du Grand Prix Européen de la Sculpture en 1991 : « FERDINAND PARPAN est un créateur complet et authentique de formes qui ne peut qu’honorer la sculpture européenne ».

Maître amoureux de la matière, il réinvente le monde, il réinvente la vie, ayant une soif jamais assouvie de perfectionnement, de recherche et la conviction que tout reste éternellement à inventer...

Jean-Charles HACHET, Arts et biologie, juin 2000

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